Voyages Kévin Berg

Nous sommes le 3 Janvier, il est 10 heures du matin. J'arrive par une rue déserte et tombe né à né avec plusieurs escouades de soldats estoniens, rangées au garde à vous sur une place à l'entrée de la vieille ville de Tallinn. Un rassemblement s'est créé, attirant touristes curieux, estoniens solidaires et population patriote. Sous un vent à décorné les boeufs, je me risque à quelques mètres des militaires, semblable à des soldats de plombs. Le froid semble les avoir figé quand soudain, du haut d'une colline surplombant la place, une fanfare, militaire elle aussi, entonne des musiques et des chants patriotiques avant qu'un discours, en estonien donc difficilement compréhensible, ne commence. Je filme une bribe de la scène.

Il fait moins cinq degré dehors ce jour là et croyez le ou non, je suis témoin d'une scène que jamais vous ne verrez en France, sous la croix protestante, à quelques mètres des soldats, un vieil estonien est là, fidèle parmis les fidèles, il admire les coeurs de sa nation.

Tous les regards sont tournés dans la même direction et finalement, même nous, simple touriste, nous nous sentons un peu estonien à ce moment là.

L'ancienne ville de Tallinn est et demeure encore, l'une des dernières villes fortifiées d'Europe. Entourées de remparts, les ruelles pavées nous conduisent à travers un défilé de maisons multicolores, de cathédrale d'église mais aussi de restaurants et de magasins de souvenirs. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, le quartier de la vieille ville est clairement le plus touristique de la ville, voir le seul. Toujours bruillant et animé, il ne reflète que très peu la réalité des estoniens qui n'y viennent que pour travailler.

Je vous conseille évidement de déambuler dans se quartier chargé d'histoire mais ne commetter pas l'erreur d'y passer votre séjour. Une journée, deux si vous souhaitez prendre votre temps et visiter quelques musées, seront amplement suffisante pour connaitre la vieille ville de Tallinn sur le bout des doigts.

Chaque capitale européenne reste, avant d'être un lieu de visite, une ville où des gens vivent. Et si les mégapoles riches d'Amérique du Nord, du Japon ou del'Europe occidentale demeurent des lieux entretenus et relativement beaux, Tallinn, elle, ne rentre pas dans les critères de la capitale reluisante et attrayante. A l'exception de la vieille ville, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, les quartiers composant la capitale balte prennent des airs de cités dortoires millénaires. Si vous êtes un admirateur de la saga Hostel de Quentin Tarantino ces décors sotn faits pour vous. De grandes barres d'immeubles aux façades délabrées et tachées par la crasse, le climat et la vieillesse se succèdent ainsi au fil des rues. Aucun quartier n'y échappe, le quotidien des Tallinnois, c'est ça.

La tristesse se ressent à chaque intersection déserte et, si le visiteur laisse son immagination prendre le pas sur le pragmatisme, une sensation de peur pourra l'envahir. Les décors de cartes postales ne sont pas d'ici. Je ne saurais que trop vous conseiller d'arpenter ces zones oubliées, tel le quidam estonien partant au travail dans le froid et la nuit du matin. Car Tallinn, la vrai Tallinn, elle est loin des touristes et des restaurants. La vrai Tallinn est enfouie, à quelques encablures de la vieille ville, dans une grisaille et une pauvreté qui, si l'on apprend à l'observer, revêt un charme fou.

Si vous n'êtes pas de fervents adeptes de la marche à pieds et que vous jugez inutile de louer une voiture, les transports en commun reste une solution intermédiaire idéale pour découvrir une ville. Bien sur, vous ne découvrirez pas les aspects moins touristiques que seul le chalant qui se perd pourra trouver mais vous ferez le tour des endroits touristiques où qui valent le coup d'œil. Comme dans toutes les capitales européennes, Tallinn dispose d'une compagnie de bus spécialisés dans le tourisme. ces fameux bus rouge à deux étages arpentent ainsi le centre ville de Tallinn et vous conduiront même jusqu'à la Tallinn bay. Toutefois, cette solution demeure un nid à touristes et vous sortira du contexte estonien. Assis entre deux anglais, cinq russes et deux allemands, vous ne pourrez pas profiter du charme de la découverte en solitaire de la ville. Je vous conseille donc d'utiliser les transports en communs des habitants de Tallinn, c'est à dire les bus réguliers et les trams. Vous trouverez une multitudes de lignes de bus et, pourrez ainsi quitter le centre pour explorer des quartiers périphériques. Les trams sont eux composés de quatre lignes, chacune représentées par une couleur différente. La vétusteté des trams et le fait qu'on les prennent à même la route, le plus souvent le tram s'arrête en face des stations de bus, feront de ce moyen de locomotion une attraction sympathique pour le visiteur adepte des moyens de transports semblant sortir tout droit des années 1960. Enfin, je terminerai en vous dévoilant une incroyable nouvelle : à Tallinn, les bus de ville et les trams sont gratuits ! Incroyable non ? La France et ses transports publics aux tarifs exorbitants devrait en prendre de la graine.

Quoi de plus agréable que d'arpenter les zones piétonnes du quartier latin de Paris ou de longer les immenses avenues qui traversen Manhattan ? Partout où le voyageur va, il prend toujours unlaisir certain à flâner, au gré de ses envies, dans les ruelles ou sur les places de la zone qu'il visite. mais à Tallinn, cela prend une toute autre tournure. Ici, un adversaire de taille se mêle à la lutte, la glace. Car oui, Tallinn reste une ville du Nord, proche de la Russie et de la Finlande et, chaque hiver, personne ne parle de réchauffement climatique. chaque trottoir est verglacé, enneigé et déformé par le givre et l'eau. Ainsi, marché revêt une incroyable difficulté pour le quidam qui devra éviter d'immenses flacs d'eau boueuse, grimper sur des buttes de neige fraîche ou encore rattraper ses glissades sur des plaques de verglas d'une taille incroyable. Et ne comptez pas sur les services publics estoniens pour vous libérer la voie. En Estonie, nos ponts et chaussées français prendrai des allures de hardants travailleurs. Quoiqu'il en soit, cela ajoute un charme certain à une ville qui semble tout mettre en place pour que ses visiteurs la mérite.